Dans le Gobi, 99% de l’habitat est utilisé comme pâtures par le bétail. Dans de tels habitats un pastoralisme rentable n’est possible que par de longues distances de transhumance. Les éleveurs semi-nomadiques doivent donc avoir accès à de larges étendues de terres, dont les aires protégées. Or, suite aux changements politiques intervenus au début des années 1990, les populations urbaines ont été forcées à revenir vers une vie nomadique, ce qui a engendré une augmentation très importante du nombre d’hommes et de têtes de bétail dans beaucoup de régionsrurales (Ferdandez-Gimenez, 1999; Bedunah and Schmidt, 2004; Mearns, 2004).
Dans le désert de Gobi l’eau est une ressource critique pour les hommes, leur bétail et la faune sauvage, mais celle-ci est malheureusement extrêmement rare et très dispersée. Dans une région comme celle-ci, l’eau apparaît comme étant un point clé pour la conservation des Equidés sauvages. Si l’accès à l’eau peut être sécurisé cela permet aux femelles d’assurer un soin optimal à leur progéniture sans de fortes dépenses d’énergie pour la mère, avant et après la mise bas.
La majorité de l’eau nécessaire aux hommes et au bétail peut être obtenue à partir de petits puits manuels. Mais, depuis les années 1990, la majorité des puits mécaniques construits sous l’ère collective sont tombés en délabrement. Les éleveurs et leur bétail se trouvent donc obligés d’utiliser les points d’eau naturels, également utilisés par la faune sauvage dont les khulans. Les hémiones s'abreuvent préférentiellement au niveau des points d’eau naturels ou de trous qu’ils creusent eux-mêmes au niveau des lits des rivières asséchées.
D’après les interviews qui ont été conduits par Anne-Camille SOURIS (responsable du projet pour la conservation du Khulan) entre 2006 et 2010, il apparaît que traditionnellement la population Mongole voit le Khulan comme un animal honoré dans la culture Mongole. La grande majorité de la population et des éleveurs pensent que le Khulan doit être protégé afin d’éviter son extinction à l’état sauvage. Mais, les pertes massives en bétail intervenues au cours des hivers extrêmement rudes survenus ces dernières années ont conduits à une augmentation du braconnage du Khulan pour sa viande.
D'autre part, les éleveurs considèrent cet animal comme le principal compétiteur avec leur bétail pour l'accès aux ressources vitales: eau et pâtures, ce qui a entraîné l'augmentation de la pression de la population locale sur le gouvernement pour accorder la réduction des effectifs de cette espèce et lui retirer son statut d'espèce protégée.
L'exploitation des ressources naturelles est également en pleine croissance depuis quelques années dans le Gobi, plus particulièrement dans le sud Gobi : Ömnögovi aimag/province où la quasi-totalité de cet aimag/province serait occupée par des licences d’extraction de métaux et minerais, les seules aires finalement épargnées étant celles correspondant aux aires protégées situées dans cette province. Le nombre de mines est nettement moins important dans le Dornogovi aimag pour le moment, mais d'après les témoignages recueillis en 2008 il semblerait toutefois être en expansion rapide.
Dans l'Ömnogövi aimag de nombreuses routes ont été construites afin de relier les mines à la frontière chinoise qui se trouve à proximité. Ces routes non goudronnées fragmentent l’habitat du Khulan ainsi que des gazelles à queue noire de Mongolie (Gazelle subgutturosa), et les nombreux véhicules qui y circulent perturbent fortement cette faune sauvage. De nombreux points d’eau observés cet été dans cette province étaient entourés de routes situées pour la grande majorité à moins de 1 km du point d’eau avec une circulation de véhicules relativement fréquente de jour comme de nuit aussi, perturbant ainsi la faune sauvage pour accéder à l’eau.
Cette exploitation importante des richesses naturelles a poussé depuis ces dernières années la population du Khulan de l’Ömnögovi aimag vers le Dornogovi aimag (même phénomène avec la population de la gazelle à queue noire de Mongolie). La migration de ces espèces semblerait être limitée à l’est par la présence de la voie ferrée reliant Pékin à Ulaanbaatar en passant par Saynshand (Kaczenskyet al. 2006, in prep.). Les déplacements de ces deux espèces se trouvent ainsi limités, et concentrés dans le Dornogovi aimag/province. Hors cette concentration de Khulans et de gazelles, couplée à celle d’un bétail dont le nombre de têtes est aujourd'hui en pleine augmentation, entraînera d’ici peu un sur-pâturage et une compétition croissante entre espèces sauvages et domestiques pour l’accès aux points d’eau et pâtures. Sachant que l’eau dans le désert de Gobi est une ressource extrêmement dispersée et très rare...
D’après une enquête nationale conduite en Mongolie en 2005-2006, le trafic illégal de Khulans a été estimé à environ 3 000 individus par an (Wingard and Zahler, 2006).
D'après les recherches conduites par d'autres équipes auparavant (ce qui fut aussi confirmé par les témoignages recueillis et les observations conduites lors des recherches qui furent conduites depuis l'été 2008 par notre équipe) les principales menaces affectant actuellement la survie du Khulan sont:
-une fragmentation de son habitat suite à une activité minière croissante (extraction de charbon, d'or et minerais) et la construction de routes pour relier ces mines à la frontière chinoise dans le sud Gobi (Ömnögovi aimag) et aux grandes villes de la Mongolie. La population de Khulan aurait ainsi migré depuis ces dernières années du sud Gobi (Ömnögovi aimag) vers le sud-est Gobi (Dornogovi aimag) fuyant toutes perturbations causées par les activités humaines;
-un braconnage et un trafic illégal de cette sous-espèce pour sa viande et sa peau au cours qui a été important au cours des années précédentes, avec également l'utilisation de certains organes dans la médecine traditionnelle (médecine traditionnelle: selon les informations récoltées par A-C Souris et son équipe depuis 2006). Cependant, bien qu'encore existant, le braconnage semble être actuellement moins fréquent;
-une compétition avec le bétail pour l’accès à l’eau et aux pâtures.
http://www.iucnredlist.org/details/7951
D'après les observations conduites par notre équipe, il apparaît que la présence du bétail domestique aux points d'eau interfère avec l'accès des Khulans à cette ressource vitale.